http://nouvelavenir.com/le-cri-dalarme-du-cardiologue-mohamed-ly-et-de-long-afcao/
Image Par Adérito Ben-David

«Il y a pleins de talents ici, de médecins africains, originaires du Maghreb notamment, qui voudraient bien rentrer pour servir dans leur pays d’origine, mais ils ne peuvent pas. La frustration est énorme chez la plupart des médecins qui sont restés. » Ce sont là des propos de Dr Mohamed Ly, spécialiste des cardiopathies congénitales, qui exerce depuis une quinzaine d’années au Centre de Chirurgie Cardiaque Marie Lannelongue au Plessis- Robinson, en région parisienne. En savoir plus…

Le cardiologue, d’origine mauritanienne, s’exprimait lors d’une conférence organisée, la semaine dernière à Paris, par l’Association française du cœur pour l’Afrique de l’Ouest (AFCAO).

D’après lui, l’obstacle majeur au retour en Afrique des cerveaux formés en Occident est souvent constitué par les États africains eux-mêmes, qui ne facilitent pas la tâche à ceux qui veulent rentrer.

A (re)lire également: Le cri d’alarme du cardiologue Mohamed Ly et de l’ONG AFCAO

D’où son appel, dans un entretien avec Afrique Connection:

Le message que je lance aux dirigeants africains c’est de croire en nos enfants qu’on a envoyés pour se former dans tous les domaines ; c’est de croire en ce que nous pouvons faire, et de ne pas penser qu’il n y a que les autres (les Européens, NDLAR) qui peuvent faire quelque chose. Quand je parlais de frustrations, ce sont médecins, ces étudiants qui ont fréquenté les plus brillantes universités étrangères et qui ne peuvent pas revenir. Et quand ils reviennent ils n’ont pas la facilité de s’insérer.

On fait plus confiance aux Européens. Je voudrais dire qu’il suffit juste de regarder dans les hôpitaux européens, français : il y a beaucoup d’Africains qui font fonctionner ces hôpitaux nuit et jour, et des hautes compétences. Tout ça c’est un manque à gagner pour l’Afrique. Les dirigeants et les politiciens africains devraient faire plus confiance à leurs enfants ».

Dr Mohamed Ly confie que son ambition était de rentrer, après sa formation. Mais face à l’obstacle qu’il a mentionné ci-dessus, il a dû se résoudre à rester de France. « Je l’ai vécu personnellement. Même à Abidjan (où il a effecté une mission humanitaire en mai 2017, NDLAR), il a fallu que je fasse la mission pour leur faire comprendre que je suis chirurgien et que je que je suis professeur en France », confie le cardiologue.

Malgré ce retour impossible, le spécialiste du cœur a cherché un autre moyen de se rendre utile à son pays d’origine, à son continent : il a fondé son ONG, l’AFCAO, qui depuis une quinzaine d’années effectue des missions humanitaires en Afrique pour opérer des enfants nés avec une maladie cardiaque.

Thierno DIALLO, Afrique Connection